CHANGELING

Rester là. Quand l’autre part. Rester là sur le quai ou dans un aérogare. Refaire le chemin inverse pour récupérer sa voiture. Refaire les choses seule quand 1heure avant je les faisais avec toi… Rester là quand l’autre part, c’est assez MORTEL en fait. Cette sensation de vide, d’abandon. Même mes jambes me semblent différentes. Comme retenues. Toutes fragiles. Je repars avec une démarche mal assurée, mes jambes retenues, fragiles. Comme une godiche. Je repars. L’autre part… Est ce pour cela que je t’ai choisi ? Parce que tu n’es jamais là ?! Parce que tu ne reste jamais assez longtemps pour que s’installe l’habitude, le tous les jours, la lassitude. Le vide. Le manque de quelqu’un. Il n'y a pas pire douleur… Non il n’y a pas pire douleur que de crever du MANQUE. Lorsqu’elle est éphémère, cette chienne, cette douleur, cette chienne de douleur, on a assez de force pour conter les jours… Lorsqu’elle est irrémédiable, irréversible, incontrôlable, cette putain, cette douleur, cette putain de douleur ne laisse plus de place pour RIEN. On devient douleur rempli de RIEN On devient RIEN… Parfois je crois voir ton visage dans la rue. Un profil. Une démarche. Mais ce n’est jamais TOI… Toi tu es beau. Véritablement beau. D’une beauté qui en impose ; du genre qu’on déshabille. Du genre sur qui on se retourne… 1ère fois qu’on regarde plus la personne à mon bras que MOI ! Mais tu n’es jamais là. Tu es beau, très beau… mais pas là. Est ce pour cela que je t’ai choisi ? Parce que tu n’es jamais là ?!